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Lundi 20 Mai 2024
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Les performances des attaquants marocains à l'étranger qui embarrassent Walid Regragui

L'année 2024 n'a pas démarré sous les meilleurs auspices pour les Lions de l'Atlas. Éliminés en 8es de finale de la CAN 2023, Hakimi et compagnie ont ensuite semé le doute par leur mutisme sur le flanc offensif. Le manque de réalisme s’est poursuivi malgré l’arrivée de renforts de grand calibre, mettant ainsi le sélectionneur national dans le pétrin. Après plus de 17 mois dans la tanière des Lions, Walid Regragui n’a toujours pas su proposer un remède aux carences offensives. Entretemps, les internationaux marocains explosent le compteur dans plusieurs championnats étrangers. Finalement, le problème est-il vraiment l’absence d’attaquants capables de concrétiser ? Les performances des Lions en cette fin de saison viennent balayer cette idée.

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Le 30 janvier dernier à San-Pédro, malgré une série de 13 tirs et un penalty, le Maroc, incapable de marquer face à l'Afrique du Sud, se faisait éliminer de l'une des CAN les plus abordables de l'histoire de l'Afrique. Deux mois plus tard, avec une ligne d'attaque étoffée (arrivées de Diaz et Rahimi), les Lions de l'Atlas ne parvenaient toujours pas à s'en sortir. À l'issue des 180 minutes de jeu disputées en mars dernier, En-Nesyri et compagnie n'ont jamais réussi à faire vibrer les filets. Le but de la victoire face à l'Angola a été marqué par David Carmo contre son camp, alors que la vingtaine d'occasions gâchées face à la Mauritanie maintenait le score à 0-0 à Agadir.

L'élimination de la CAN 2023 et les deux amicaux de mars auront donc suffi à faire ressurgir les vieux démons, effaçant ainsi l'euphorie de l'épopée au Qatar en fin 2022. Ce retour brutal à la réalité, cristallisé par le nul face aux Mourabitounes, trouve son explication dans les défaillances d'une ligne d'attaque étincelante sur papier, mais tellement frustrante devant le but. Lors de son arrivée à la tête de la sélection nationale en fin 2022, Walid Regragui a immédiatement opté pour un schéma à penchant défensif, conscient des difficultés rencontrées par les attaquants au niveau de la conclusion. Mais après plus de 17 mois à la tête du staff des Lions, force est de constater que Regragui n'a toujours pas proposé une véritable solution structurante. Le constat encore plus accablant quand on voit les performances de ces mêmes Lions de l'Atlas en Europe et en Asie, avec leurs clubs respectifs.
L'année 2024 a été marquée par l'arrivée de Brahim Diaz et le retour de Soufiane Rahimi en sélection. Rien qu'à eux deux, ces deux joueurs ont réussi un total de 30 buts et 16 passes décisives cette année. En effet, champion d’Espagne avec le Real Madrid, Brahim a signé 10 buts et 5 assists en trois compétitions cette saison, sachant qu’il n’est même pas un attaquant de pointe. Soufiane Rahimi, lui, a atteint la barre des 20 buts, en plus de 11 passes décisives. Le joueur d'Al-Aïn FC a illuminé la scène en Ligue des champions asiatique, avec ses 11 buts et ses prestations de haute volée face aux géants saoudiens d’Al Hilal et de l’Ittihad.

Les attaquants de pointe marocains totalisent plus de 90 buts cette saison !

Ces deux exemples sont loin d’être des cas isolés. L’attaquant marocain le plus prolifique cette saison à l’étranger n’est autre qu’Ayoub El Kaâbi, qui a atteint une nouvelle dimension avec l’Olympiakos en Grèce. Outre ses 17 buts en championnat, il a marqué de sa griffe l’Europa League (5 buts) et l’Europa Conference League (8 buts et 1 assist). Une véritable machine à buts qui, malgré ses statistiques, n’a jamais réussi à décrocher le statut de titulaire indiscutable en sélection. En Asie, en plus de Soufiane Rahimi, les projecteurs ont également été fixés sur Abderrazak Hamdallah. Snobé par Regragui lors du dernier rassemblement de mars, l’ex-joueur de l’OCS fait toujours parler la poudre avec Al Ittihad cette saison : 29 buts marqués et 4 passes décisives. Toujours dans le rang des attaquants de pointe, Youssef En-Nesyri a encore soigné ses statistiques au cours de cet exercice, lui qui a réussi 17 buts et 3 assists. Si l’on prend en compte les chiffres de quelques ailiers (8 buts et 4 assists pour Ziyech, 9 buts et 11 assists pour Adli...), l’hypothèse du manque d’attaquants finisseurs s’effondre complètement.

Après le 3e match de la phase de poules de la CAN 2023, qui a enregistré la victoire du Maroc face à la Zambie en Côte d’Ivoire (1-0), Rachid Benmahmoud s’est présenté en conférence de presse pour remplacer Regragui, suspendu. L’adjoint du sélectionneur avait alors ouvertement reconnu : «Il y a toujours des problèmes sur le flanc offensif, notamment au niveau de la conclusion. Nous manquons d’efficacité... Pour être sincère, ce problème devait être résolu bien avant notre arrivée en Côte d’Ivoire.» Cet aveu a le mérite de clarifier les choses, puisque le staff de Walid Regragui se devait d’innover bien avant la Coupe d’Afrique. Farouchement attaché à son 4-1-4-1 fétiche, le sélectionneur se devait de diversifier les schémas pour s’adapter davantage aux qualités de ses joueurs. La puissance offensive est bien présente dans les rangs de l'équipe nationale, avec des joueurs qui feraient rêver n’importe quelle sélection sur le continent. Il faudra juste leur fournir un cadre propice à la performance et surtout des schémas diversifiés qui accroîtront leur confiance et brouilleront les cartes des adversaires, loin de la prévisibilité qui a marqué les dernières rencontres des Lions de l’Atlas.
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