Les filières des viandes rouges et avicole au Maroc traversent une dangereuse zone de turbulences. Stress hydrique, inflation des intrants agricoles, perturbation des chaînes de valeurs... En somme, ces deux filières, stratégiques pour la souveraineté alimentaire du pays, n’arrivent toujours pas à sortir la tête de l’eau. Conséquence, une montée époustouflante des prix aux consommateurs.
Pour faire face à cette problématique, l’État a autorisé l’importation des ovins, bovins et caprins et les viandes rouges, fraîches ou congelées, avec une suspension des droits de douane et une exonération de ces produits de la TVA (Projet de loi de Finances 2025). La question qui se pose aujourd’hui : est-ce que ce déficit en viandes rouges sur le marché marocain est appelé à devenir structurel du fait des sécheresses et que, en conséquence, le Maroc n’aura d’autres choix que d’entériner de manière permanente sa décision de recourir à l’importation de ce produit ? «Le déficit est structurel, oui !», dixit le département de l’Agriculture.
Mais le recours à l’importation n’est qu’une mesure provisoire, rassure-t-il. Ses explications : «Les six dernières années ont été marquées par des précipitations faibles et irrégulières ayant impacté la productivité des parcours et les disponibilités des ressources hydriques et alimentaires pour le cheptel. Cette situation, conjuguée à la persistance des prix élevés des aliments de bétail sur les marchés locaux, dans un contexte d’inflation et de diminution du pouvoir d’achat des éleveurs, a mis le cheptel national dans une situation de vulnérabilité entraînant une baisse de la productivité et une réduction des effectifs et par conséquent une baisse de l’offre en produits animaux et une augmentation de leurs prix».
Par ailleurs, poursuit le ministère, le pays fait face à une demande croissante en viandes rouges et à des défis structurels dans sa production nationale. Dans ce contexte, et pour faire face aux retombées des sécheresses récurrentes ayant impacté «gravement» la filière des viandes rouges et poussé les éleveurs à vendre une partie de leur cheptel pour maintenir leur production, le recours à l’importation des viandes (fraîches, réfrigérées ou congelées) s’est imposé comme une mesure d’urgence et une solution adaptée pour assurer un approvisionnement régulier du marché et alléger la pression sur le cheptel national.
Aussi, le département de l’Agriculture affirme avoir lancé un programme d’intervention urgent structuré autour de plusieurs axes visant à développer et à restaurer le cheptel et à contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Ainsi, le gouvernement a entrepris des efforts pour la mise à niveau des abattoirs, en les intégrant au cœur du Contrat-Programme 2021-2030 conclu avec les professionnels de la filière des viandes rouges. De ce fait, la chaîne d’abattage évolue dans une dynamique positive, juge le ministère. «Nous comptons actuellement 17 abattoirs agréés, ce qui permet de produire une viande dans des conditions d’hygiène et de sécurité sanitaire conformes aux normes», fait valoir l’Agriculture.
Les perspectives de la filière à moyen terme sont celles de la stratégie Génération Green et qui sont déclinées au niveau du Contrat-Programme de la filière. L’objectif actuel, d’après le ministère, est de rééquilibrer la filière par le repeuplement du cheptel bovin, ovin et caprin notamment par la mise en place d’un programme portant sur les mesures d’urgence à entreprendre pour accompagner les éleveurs face aux difficultés rencontrées suite à l’impact de la sécheresse sur les facteurs de production. «Il convient de noter que les récentes pluies observées au début de l’automne sur les zones pastorales des régions de l’Oriental et du Sud-Est ont contribué à l’amélioration de l’état des parcours. Cette amélioration, couplée à l’engagement du gouvernement, vise à soutenir les éleveurs grâce à un approvisionnement continu en aliments pour bétail subventionnés, ce qui permet d’espérer un retour rapide à une situation normale», promet le ministère.
En 2023, la production a atteint 745.000 tonnes de viandes blanches et 6,1 milliards d’unités d’œufs de consommation. Le fait est que le niveau de consommation annuel par habitant a connu une évolution importante, atteignant 20,6 kg de viandes blanches et 169 œufs, avec un taux de couverture des besoins de 100%. Le ministère rappelle que le secteur a bénéficié d’un premier Contrat-Programme en 2008, renouvelé en 2011, et d’un nouveau Contrat-Programme signé en mai 2024 dans le cadre de la stratégie Génération Green. Ce dernier vise, à l’horizon 2030, à augmenter la production à 912.000 tonnes de viandes blanches et 7,6 milliards d’œufs, et à atteindre un taux de contrôle des viandes de 90%. Cependant, nuance les services d’Ahmed El Bouari, le secteur a connu récemment certaines contraintes qui ont entraîné une hausse des coûts de production, notamment en raison de l’augmentation des prix des intrants, y compris ceux des poussins.
Les prix des poussins destinés à la production de poulet ont ainsi augmenté de +136% par rapport à la même période de l’année précédente en raison d’une demande croissante en viandes blanches, les consommateurs privilégiant la volaille, jugée plus abordable que la viande rouge. Afin de réduire les coûts de production chez les éleveurs et renforcer la compétitivité du secteur avicole, le ministère soutient que les éleveurs bénéficient de nombreuses incitations financières pour investir dans les différents maillons de la chaîne de production, tels que le matériel de brumisation, le système de «Pad cooling» dans les élevages, les unités de découpe de viandes de volaille, les unités de conditionnement des œufs, la création d’unités de séchage des fientes de volaille, ainsi que l’encouragement à la création d’abattoirs industriels avicoles.
Actuellement, les prix du poulet vif et des œufs à la ferme sont de 25 dirhams/kg et 1,40 dirham/unité respectivement. Pour le ministère, ces prix sont soumis à de légères variations en raison de la fluctuation de l’offre et de la demande en ces produits au niveau du marché national. Le ministère affirme, en outre, que la profession s’est engagée à mieux réguler le marché des poussins pour optimiser l’approvisionnement du marché et couvrir la croissance de la demande. Il s’agit, également, de multiplier les abattoirs avicoles pour mieux réguler la filière et atténuer les marges des intermédiaires.
Pour faire face à cette problématique, l’État a autorisé l’importation des ovins, bovins et caprins et les viandes rouges, fraîches ou congelées, avec une suspension des droits de douane et une exonération de ces produits de la TVA (Projet de loi de Finances 2025). La question qui se pose aujourd’hui : est-ce que ce déficit en viandes rouges sur le marché marocain est appelé à devenir structurel du fait des sécheresses et que, en conséquence, le Maroc n’aura d’autres choix que d’entériner de manière permanente sa décision de recourir à l’importation de ce produit ? «Le déficit est structurel, oui !», dixit le département de l’Agriculture.
Mais le recours à l’importation n’est qu’une mesure provisoire, rassure-t-il. Ses explications : «Les six dernières années ont été marquées par des précipitations faibles et irrégulières ayant impacté la productivité des parcours et les disponibilités des ressources hydriques et alimentaires pour le cheptel. Cette situation, conjuguée à la persistance des prix élevés des aliments de bétail sur les marchés locaux, dans un contexte d’inflation et de diminution du pouvoir d’achat des éleveurs, a mis le cheptel national dans une situation de vulnérabilité entraînant une baisse de la productivité et une réduction des effectifs et par conséquent une baisse de l’offre en produits animaux et une augmentation de leurs prix».
Par ailleurs, poursuit le ministère, le pays fait face à une demande croissante en viandes rouges et à des défis structurels dans sa production nationale. Dans ce contexte, et pour faire face aux retombées des sécheresses récurrentes ayant impacté «gravement» la filière des viandes rouges et poussé les éleveurs à vendre une partie de leur cheptel pour maintenir leur production, le recours à l’importation des viandes (fraîches, réfrigérées ou congelées) s’est imposé comme une mesure d’urgence et une solution adaptée pour assurer un approvisionnement régulier du marché et alléger la pression sur le cheptel national.
Aussi, le département de l’Agriculture affirme avoir lancé un programme d’intervention urgent structuré autour de plusieurs axes visant à développer et à restaurer le cheptel et à contribuer au renforcement de la sécurité alimentaire du pays. Ainsi, le gouvernement a entrepris des efforts pour la mise à niveau des abattoirs, en les intégrant au cœur du Contrat-Programme 2021-2030 conclu avec les professionnels de la filière des viandes rouges. De ce fait, la chaîne d’abattage évolue dans une dynamique positive, juge le ministère. «Nous comptons actuellement 17 abattoirs agréés, ce qui permet de produire une viande dans des conditions d’hygiène et de sécurité sanitaire conformes aux normes», fait valoir l’Agriculture.
Les perspectives de la filière à moyen terme sont celles de la stratégie Génération Green et qui sont déclinées au niveau du Contrat-Programme de la filière. L’objectif actuel, d’après le ministère, est de rééquilibrer la filière par le repeuplement du cheptel bovin, ovin et caprin notamment par la mise en place d’un programme portant sur les mesures d’urgence à entreprendre pour accompagner les éleveurs face aux difficultés rencontrées suite à l’impact de la sécheresse sur les facteurs de production. «Il convient de noter que les récentes pluies observées au début de l’automne sur les zones pastorales des régions de l’Oriental et du Sud-Est ont contribué à l’amélioration de l’état des parcours. Cette amélioration, couplée à l’engagement du gouvernement, vise à soutenir les éleveurs grâce à un approvisionnement continu en aliments pour bétail subventionnés, ce qui permet d’espérer un retour rapide à une situation normale», promet le ministère.
Viandes de volaille : les raisons de la hausse des prix
La filière avicole vit, également, la même situation que celle vécue par celle des viandes rouges. Inflation des aliments composés et d’autres intrants, stress hydrique... Bref, les professionnels de ce secteur évoquent une tendance structurelle qui s’installe et qui devra perdurer. Résultat, les prix des viandes de volaille ne reviendront peut-être pas à leur niveau précédent. Quelle est la stratégie du département de l’Agriculture pour sortir la filière de cette crise et partant enclencher une véritable détente sur les intrants et sur les prix aux consommateurs ? Pour le ministère, l’aviculture est l’une des plus importantes filières de production agricole tant sur le plan économique que social. Cette filière réalise un chiffre d’affaires annuel avoisinant les 41,70 milliards de dirhams et génère environ 150.000 emplois directs et 350.000 indirects.En 2023, la production a atteint 745.000 tonnes de viandes blanches et 6,1 milliards d’unités d’œufs de consommation. Le fait est que le niveau de consommation annuel par habitant a connu une évolution importante, atteignant 20,6 kg de viandes blanches et 169 œufs, avec un taux de couverture des besoins de 100%. Le ministère rappelle que le secteur a bénéficié d’un premier Contrat-Programme en 2008, renouvelé en 2011, et d’un nouveau Contrat-Programme signé en mai 2024 dans le cadre de la stratégie Génération Green. Ce dernier vise, à l’horizon 2030, à augmenter la production à 912.000 tonnes de viandes blanches et 7,6 milliards d’œufs, et à atteindre un taux de contrôle des viandes de 90%. Cependant, nuance les services d’Ahmed El Bouari, le secteur a connu récemment certaines contraintes qui ont entraîné une hausse des coûts de production, notamment en raison de l’augmentation des prix des intrants, y compris ceux des poussins.
Les prix des poussins destinés à la production de poulet ont ainsi augmenté de +136% par rapport à la même période de l’année précédente en raison d’une demande croissante en viandes blanches, les consommateurs privilégiant la volaille, jugée plus abordable que la viande rouge. Afin de réduire les coûts de production chez les éleveurs et renforcer la compétitivité du secteur avicole, le ministère soutient que les éleveurs bénéficient de nombreuses incitations financières pour investir dans les différents maillons de la chaîne de production, tels que le matériel de brumisation, le système de «Pad cooling» dans les élevages, les unités de découpe de viandes de volaille, les unités de conditionnement des œufs, la création d’unités de séchage des fientes de volaille, ainsi que l’encouragement à la création d’abattoirs industriels avicoles.
Actuellement, les prix du poulet vif et des œufs à la ferme sont de 25 dirhams/kg et 1,40 dirham/unité respectivement. Pour le ministère, ces prix sont soumis à de légères variations en raison de la fluctuation de l’offre et de la demande en ces produits au niveau du marché national. Le ministère affirme, en outre, que la profession s’est engagée à mieux réguler le marché des poussins pour optimiser l’approvisionnement du marché et couvrir la croissance de la demande. Il s’agit, également, de multiplier les abattoirs avicoles pour mieux réguler la filière et atténuer les marges des intermédiaires.