Menu
Search
Lundi 25 Novembre 2024
S'abonner
close
Lundi 25 Novembre 2024
Menu
Search

Année scolaire : Les parents s’inquiètent, le ministère rassure, les élèves s’accrochent !

À quelques mois de la fin de l’année scolaire 2022-2023, les élèves peinent toujours à retrouver le rythme normal des cours. Les témoignages recueillis par «Le Matin» auprès d'enseignants et de parents d'élèves sont pour le moins alarmants. Pourtant, le ministère de l’Éducation nationale était déterminé, en début d’année, à changer les choses et garantir «une école de qualité pour tous». Le bras de fer qui perdure entre les enseignants des académies et l’Éducation nationale y est pour beaucoup.

Année scolaire : Les parents s’inquiètent, le ministère rassure, les élèves s’accrochent !
Les enseignants-cadres des AREF ont procédé au boycott de la saisie des notes sur Massar, ce qui risque de bloquer le bon déroulement de l’opération de suivi pédagogique et de programmation du soutien au profit des élèves qui en ont besoin.

Les élèves semblent avoir du mal, encore cette année, à retrouver le rythme normal des cours. Des enseignants contactés par «Le Matin» ayant requis l’anonymat le confirment. Pis encore, ils disent avoir constaté une détérioration du niveau scolaire des élèves, ce qui est extrêmement inquiétant. Ce point de vue a été conforté par des parents d’élèves qui n’arrivent plus à gérer leur inquiétude par rapport à la scolarité de leurs enfants. C’est le cas de Halima Benadima, maman d’un enfant âgé de 6 ans : «Cela fait trois ans que nous attendons une amélioration de la situation, mais en vain. Nous en souffrons depuis le début de la pandémie», confie-t-elle à «Le Matin».

Cette année, ajoute-t-elle, on s’attendait à ce qu’il y ait un changement d'autant que la feuille de route 2022-2026 annoncée par le ministère de l’Éducation nationale était prometteuse, mais rien n’a changé. Même son de cloche auprès de Ali, papa de deux enfants âgés de 10 et 13 ans. «Nous vivons une situation catastrophique depuis l’apparition de la Covid-19. Le niveau scolaire des enfants ne cesse de se dégrader et je ne sais plus quoi faire», déplore-t-il. Interpellé sur ce sujet, le président de l'Association marocaine pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement (Amaquen), Abdennasser Naji, partage l’avis des parents et des enseignants : «il semble que l’année scolaire ne se déroule pas comme elle s’annonçait par la tutelle au mois de septembre dernier. L’opinion publique s’attendait à des améliorations au niveau de l’école marocaine surtout après la présentation de la feuille de route et la signature de l’accord avec les syndicats les plus représentatifs», souligne-t-il. Et d’ajouter : certes, il aurait été utopique de s’attendre à de grands changements en si peu de temps, surtout dans un secteur où les changements ne s’opèrent qu’à un rythme très lent, mais on s’attendait au moins à voir des signes positifs qui laisseraient espérer que la réforme de l’éducation est sur la bonne voie. Pour lui, cette année est cruciale pour la mise à niveau en vue de permettre aux élèves de reprendre une vie scolaire normale.

Qu’en pense le ministère de l’Éducation nationale ?

Le ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports était déterminé en début d’année à changer les choses. La feuille de route 2022-2026 qui a été annoncée par le ministre, Chakib Benmoussa, comportait effectivement des actions dont l'objectif est d’améliorer le niveau scolaire des élèves et d’assurer «une école publique de qualité pour tous». Joint par «Le Matin», le directeur de l’Académie régionale de l’éducation et de formation de la région de Casablanca-Settat (AREF), Abdelmoumen Talib, se veut plutôt rassurant : «globalement, l’année scolaire se déroule dans des conditions normales.

Tous les élèves ont bénéficié, dès la rentrée, d’activités de soutien et de consolidation en vue de rattraper les lacunes accumulées dans les apprentissages de base pendant la période du confinement relatif à la pandémie de la Covid-19», affirme-t-il. Et de noter que plusieurs projets, expérimentés l’année dernière, ont été mis en exécution cette année comme les classes digitales et l’enseignement spécialisé ainsi que l’adoption de la méthode «TARL» qui vise à remédier aux difficultés des élèves du cycle primaire, dans les matières d’arabe, du français et des mathématiques. Elle s’appuie sur une méthodologie innovante dans ses approches, profonde dans ses visées et simple dans sa pratique. «Au niveau de l’AREF de Casablanca-Settat, l’approche "TARL" a été expérimentée dans 28 établissements scolaires à travers la formation de 78 enseignants et enseignantes. Cette expérimentation a donné de bons résultats et a insufflé une nouvelle dynamique au sein des établissements et des classes», se réjouit-il.

La crise des "contractuels", principal facteur de blocage

Les avis sur le déroulement de l’année scolaire 2022-2023 divergent, mais une chose est sûre : la gestion du dossier épineux des contractuels, devenus enseignants-cadres des AREF constitue un frein à l’atteinte des objectifs escomptés. «Les enseignants contractuels ont eu recours, encore cette année, à la grève pour revendiquer l’intégration dans la fonction publique. Il en résulte une énorme baisse des heures de cours et, corrélativement, un déficit d'apprentissage pour les élèves», dénonce le président de la Fédération nationale marocaine des associations des parents d'élèves, Hassan Aabou, dans une déclaration accordée à «Le Matin». Le président de l'Association marocaine pour l'amélioration de la qualité de l'enseignement abonde dans le même sens. Pour ce dernier, «les signes apparents de la réforme de l’éducation dessinent les contours d’une école en effervescence et des élèves tenus en otage par des enseignants mécontents et en grande colère contre les mesures prises par le ministère et les décisions attendues concernant leur statut». Les deux responsables espèrent que les enseignants parviennent à un terrain d’entente avec le ministère le plus vite possible, car l’avenir de la réforme en dépend largement.

Une précision, et non des moindres : outre les grèves, les enseignants-cadres des AREF ont procédé cette année au boycott de la saisie des notes des élèves pour exprimer leurs revendications. «Ceci va malheureusement à l’encontre de l’intérêt des élèves et peut bloquer le bon déroulement de l’opération de suivi pédagogique et de programmation du soutien au profit de ceux qui en ont besoin», alerte le directeur de l’AREF de Casablanca-Settat. Pire, ajoute-t-il, cela peut impacter négativement le projet personnel des élèves de terminal qui ont besoin de leurs relevés de notes pour préparer leur dossier d’inscription dans les universités et écoles supérieures. Mais globalement, rassure-t-il, le problème aujourd’hui est presque réglé dans toutes les régions du Royaume. «En ce qui concerne l’AREF de Casablanca-Settat, ce refus concerne une minorité d'enseignants que nous avons ciblés par des campagnes de sensibilisation et de communication directe, ce qui nous a permis d’atteindre un taux de saisie des notes qui avoisine les 100%», assure-t-il. Et d'affirmer que pour les cas des enseignants qui ont refusé de saisir les notes, les AREF et les directions provinciales ont appliqué toutes les mesures prévues par la réglementation en vigueur pour garantir le droit des élèves. En outre, précise le responsable, l’Académie est en communication permanente avec tous les acteurs que ce soit les partenaires sociaux, les associations des parents et des tuteurs des élèves ou les autorités territoriales dans l’objectif de contenir les divers problèmes et d’assurer la réalisation des objectifs escomptés, notamment ceux de la feuille de route dans son volet qualité.

Lire aussi : Education : les enseignants des académies perpétuent le bras de fer avec le ministère

Lisez nos e-Papers
Nous utilisons des cookies pour nous assurer que vous bénéficiez de la meilleure expérience sur notre site. En continuant, vous acceptez notre utilisation des cookies.