Pandémie, sécheresse, limitation des surfaces irriguées, inflation importée, hausse des prix des matières premières… le secteur agricole fait face à une série de défis depuis plus de deux ans et cela impacte fortement les prix des fruits et légumes sur le marché national. Pour le vice-président de la Confédération marocaine de l'agriculture et du développement rural (Comader), Rachid Benali, ces hausses sont conjoncturelles et les prix repartiront à la baisse avec l’injection de nouvelle production sur le marché national.
La dotation de l’agriculture en eau en chute libre
Le secteur de l’agriculture est fortement impacté par les deux années de sécheresse qui ont précédé. La raréfaction des ressources, mais également leur allocation à l’usage domestique ont un fort impact sur le secteur. Selon M. Benali, sur les dix dernières années, un grand effort a été fait au niveau des infrastructures hydriques destinées à l’agriculture, alors que l’eau potable n’a pas bénéficié des mêmes efforts. «On est en train de rediriger l’eau destinée initialement à l’agriculture vers l’usage domestique», a déploré le responsable. Dans ce sens, il a donné l’exemple de la station de dessalement d’Agadir. «Destinée initialement à l’agriculture, cette station est aujourd’hui utilisée à moitié pour l’eau potable», a-t-il relevé.
Tomate et oignon, les prix vont continuer de baisser
Sécheresse, limitation des périmètres d’irrigation, augmentation des prix des intrants en 2022… autant d’éléments qui ont contribué à la hausse des prix des fruits et légumes. Selon M. Benali, cette situation était prévisible, mais elle s’est compliquée davantage avec la vague de froid ayant frappé la région du Souss. Les niveaux de froid, jamais enregistré auparavant, ont considérablement impacté le cycle de production des légumes, notamment de la tomate.
Toutefois, avec l’arrivée sur le marché des productions actuelles, les prix continueront de baisser, estime le vice-président de la Comader. Pour expliquer la hausse des prix actuelle, malgré la baisse des prix des intrants sur le marché international, M. Benali a donné l’exemple de la pomme de terre sur le marché actuellement, et qui a été cultivée en juillet dernier, dans un contexte marqué par une forte hausse des prix des fertilisants et des autres produits utilisés dans ce genre de culture, a-t-il souligné.
Les intermédiaires, un mal nécessaire
L’intervention de plusieurs intermédiaires entre l’agriculteur et le consommateur contribue nécessairement à la hausse des prix. Toutefois, la présence de ces intermédiaires est un mal nécessaire, a affirmé M. Benali au micro de Rachid Hallaouy. C’est plutôt leur multiplication ainsi que la hausse de leur marge qui peut constituer un problème, a-t-il affirmé. Selon lui, cette pratique est vieille au Maroc est ne peut en aucun cas expliquer la hausse actuelle des prix sur les marchés.
S’agissant de l’intervention du gouvernement pour faire baisser les prix, «la marge de manœuvre de l’Exécutif reste limitée» du point de vue de M. Benali. En effet, le marché régule seul les prix et le gouvernement ne peut intervenir que pour faire respecter l’affichage des prix. Le responsable a toutefois insisté sur l’importance de l’effet d’annonce fait par le gouvernement. Annoncer l’importation de la viande a permis d’enclencher la baisse des prix avant même l’arrive des importations, a souligné M. Benali.L’exportation ne justifie pas la hausse des prix
Même si le Maroc est un pays exportateur de fruits et légumes, la hausse des exportations n’impacte pas les prix sur le marché national. Selon M. Benali, dans le cas de la tomate par exemple, 60% des exportations concernent des variétés qui ne sont pas consommées par les Marocains. «Une production importante sera injectée sur le marché national dans les deux ou trois semaines qui viennent, ce qui permettra d’atteindre un prix raisonnable d’ici le mois sacré du Ramadan».