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«Malheureusement, une grande partie des mamans divorcées élèvent des orphelins, même si les papas sont encore vivants»

«Malheureusement, une grande partie des mamans divorcées élèvent des  orphelins, même si les  papas sont encore vivants»

«Cela fait sept ans que je suis divorcée et sept ans que je galère dans les rouages des tribunaux. La majorité des textes de la Moudawana se sont appliqués sur moi et mon fils, et pourtant, nous vivons une grande injustice. À titre d’exemple, je ne peux pas voyager à l’étranger avec mon petit, car il n’a pas l’autorisation de son père pour quitter le territoire national. J’ai vécu la galère quand j’ai voulu partir à la Omra avec mon enfant et ma famille. J’ai voulu informer le papa du voyage par la voie du tribunal, mais je me suis retrouvée face aux abus de pouvoir et la corruption. Quand j’ai demandé au tribunal l’autorisation pour voyager avec mon fils avec un engagement pour revenir au Maroc et tous les justificatifs nécessaires, il a rejeté le dossier pour incompétence, sachant qu’il a arbitré dans plusieurs autres affaires similaires. Quand j’ai parlé avec la juge, elle a justifié sa décision par les conflits avec le papa.
Cela fait des années que je galère pour cette autorisation. Quand mon fils me demande pourquoi il ne peut pas voyager comme ses amis, je lui explique que son papa refuse. Face à cette injustice, j’ai décidé avec d’autres mamans dans la même situation de lancer une pétition en espérant que nos doléances parviennent à S.M. le Roi Mohammed VI. Il faut savoir que les mamans divorcées ne peuvent pas non plus faire seules le passeport de leurs enfants. On a besoin de l’accord du papa ou d’une décision judiciaire et encore. Le dossier peut être bloqué à la préfecture. Les mamans divorcées expriment leur ras-le-bol de l’indifférence des institutions publiques.

Comment se fait-il qu’un père ne voyant pas son enfant – ou deux fois en sept ans dans notre cas – soit désigné comme tuteur légal avec les pleins pouvoirs sur ses droits ? Mon fils doit avoir l’accord de son papa pour ouvrir un compte bancaire. Mon ex-mari a pris le carnet de la famille et je dois galérer pour les documents administratifs. Je ne peux pas toucher l’allocation familiale de la CNSS ainsi que les remboursements des frais médicaux, alors que j’ai eu droit à 100 DH comme indemnité de logement et 800 DH de pension alimentaire. Cela fait un an que je n’ai rien touché. Je n’ose même pas imaginer la galère des mamans sans ressources financières et soutien familial. Il faut aussi savoir que la maman divorcée doit subir le calvaire de l’application des jugements. On doit chercher les dossiers, payer les huissiers de justice (300 DH) et parfois voyager d’une ville à l’autre. Je ne comprends pas pourquoi on n’oblige pas les papas à assumer leurs responsabilités et voir leurs enfants. Je suis pour le partage de la garde, un weekend sur deux ou par mois. La maman divorcée doit renoncer à sa vie de femme sous la menace de perdre la garde de ses enfants. Personnellement, même si je ne voudrais pas revivre le même cauchemar du mariage et de la belle famille, je me sens comme une vache. Dans mon pays, je dois éduquer l’enfant pour en faire un homme psychologiquement équilibré, alors que la justice ne lui donne pas ses droits. Malheureusement, une grande partie des mamans divorcées élèvent pratiquement des orphelins, même si les papas sont encore vivants. Leur situation est pire que celle que vivent les vrais orphelins.» 

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