C’est sur deux chaînes publiques que le Chef du gouvernement a choisi de dresser le bilan de quatre années d’exercice. Quels que soient les avis des uns et des autres à propos de la sortie médiatique de Aziz Akhannouch, Abdellah Tourabi, estime que l’initiative revêt une double portée : la volonté d’affirmer un bilan et la nécessité de marquer l’ouverture d’une année pré-électorale qui s’annonce éprouvante. «La parole du Chef du gouvernement est rare, et c’est en cela qu’elle reste attendue. Mais cette prise de parole inaugure une rentrée qui sera, à n’en pas douter, politiquement difficile», fait-il observer.
Dans son commentaire, l’invité de «L’Info en Face» a souligné que l’année qui précède les élections de 2026 ne saurait être une année de réformes. Car, pour lui, trop de dossiers sensibles demeurent à l’ordre du jour, mais chacun porte en lui un potentiel de fracture tel que l’exécutif préférera temporiser plutôt que d’affronter le risque. La Moudawana, malgré l’impulsion décisive de S.M. le Roi Mohammed VI, reste traversée de zones de tension capables de diviser profondément l’opinion et d’alimenter l’opposition. «Le gouvernement n’assumera pas ce risque», affirme le chroniqueur. La réforme des retraites, pourtant unanimement reconnue comme urgente, demeure tout aussi compromise : elle est socialement inflammable et pourrait susciter des contestations d’ampleur, susceptibles d’altérer durablement l’image de l’Exécutif.
Dans son commentaire, l’invité de «L’Info en Face» a souligné que l’année qui précède les élections de 2026 ne saurait être une année de réformes. Car, pour lui, trop de dossiers sensibles demeurent à l’ordre du jour, mais chacun porte en lui un potentiel de fracture tel que l’exécutif préférera temporiser plutôt que d’affronter le risque. La Moudawana, malgré l’impulsion décisive de S.M. le Roi Mohammed VI, reste traversée de zones de tension capables de diviser profondément l’opinion et d’alimenter l’opposition. «Le gouvernement n’assumera pas ce risque», affirme le chroniqueur. La réforme des retraites, pourtant unanimement reconnue comme urgente, demeure tout aussi compromise : elle est socialement inflammable et pourrait susciter des contestations d’ampleur, susceptibles d’altérer durablement l’image de l’Exécutif.
Le spectre d’une abstention massive
En l’absence de réformes structurantes, l’année politique en cours risque donc de s’enliser dans l’attente. Mais au-delà de cette paralysie programmée, un autre défi s’impose avec plus d’acuité encore : celui de la participation citoyenne au scrutin de 2026. Si la recomposition partisane paraît limitée et que le triptyque RNI–Istiqlal–PAM semble promis à une reconduction, l’enjeu véritable se situe ailleurs, celui de la participation électorale. Abdellah Tourabi insiste sur le péril d’une abstention massive, particulièrement dans les grandes villes, qui pourrait compromettre la légitimité même du scrutin. «L’abstention pourrait délégitimer le processus. La difficulté n’est pas seulement arithmétique : elle touche à la confiance dans la représentation politique», prévient-il.
À ses yeux, seule une profonde moralisation du processus électoral serait en mesure d’enrayer ce désengagement potentiel. Cela suppose une sélection rigoureuse des candidats, une lutte résolue contre l’usage de l’argent dans les campagnes et une neutralité active des autorités, capable de garantir l’équité du jeu démocratique.
À ses yeux, seule une profonde moralisation du processus électoral serait en mesure d’enrayer ce désengagement potentiel. Cela suppose une sélection rigoureuse des candidats, une lutte résolue contre l’usage de l’argent dans les campagnes et une neutralité active des autorités, capable de garantir l’équité du jeu démocratique.
Une société politisée face à des partis désincarnés
Pourtant, Abdellah Tourabi estime que la société marocaine reste profondément politisée. Pour lui, ce sont les partis qui ont abdiqué leur fonction de médiation. Les grands débats de valeurs, qu’il s’agisse de l’identité, de la place du Maroc dans le concert des nations ou encore de la justice sociale, sont désormais assumés par la Monarchie, tandis que les formations politiques se cantonnent à une gestion réduite à des chiffres et des indicateurs. «La politique a été ramenée à un tableau d’agrégats, comme si l’on gouvernait un holding. Or un pays n’est pas une entreprise», insiste-t-il. Cette vacuité idéologique, poursuit-il, creuse chaque jour davantage le fossé entre la société et ses institutions représentatives et alimente un climat de défiance qui fragilise la vie publique.
Un Maroc à deux vitesses
La notion d’un Maroc à deux vitesses, comme dans la mise en garde formulée par S.M. le Roi Mohammed VI dans Son discours du 29 juillet, ne pouvait pas ne pas être abordée. Les données récentes du Haut-Commissariat au Plan en soulignent l’acuité, selon M. Tourabi : creusement des inégalités, fragilisation de la classe moyenne, montée de la précarité dans les grands centres urbains. Selon l’intervenant, cette fracture se traduira de manière encore plus visible dans les années à venir. D’un côté, un Maroc porté par l’effervescence des grands chantiers (modernisation urbaine, infrastructures routières, mobilisation autour de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030) qui nourrit un sentiment d’optimisme et de projection. De l’autre, un Maroc ralenti, celui de l’action politique et de la représentation partisane, prisonnière de la défiance et de l’atonie. «Nous allons assister à deux rythmes parallèles : celui de l’optimisme et des grands chantiers, et celui d’une vie politique en panne», avertit M. Tourabi, soulignant le risque d’un décalage profond entre l’élan collectif et l’immobilisme partisan.
La résurgence des mouvements sociaux
Au-delà de la scène électorale, c’est dans la rue que s’exprime désormais une part croissante du malaise politique et social. Le désengagement des urnes se double en effet d’une montée des mobilisations collectives, traduisant les frustrations accumulées face à l’inefficacité des canaux de représentation.
Abdellah Tourabi rappelle qu’au cours de ce mandat, enseignants, étudiants en médecine et personnels de santé ont successivement manifesté, parallèlement à l’émergence de nouveaux foyers de contestation dans le monde rural. Cette effervescence témoigne d’un malaise profond auquel l’exécutif n’apporte, selon lui, que des réponses ponctuelles : d’un côté des concessions budgétaires destinées à calmer les esprits, de l’autre un recours accru à la gestion sécuritaire.
L’épisode du Rif en 2017, marqué par l’absence de corps intermédiaires capables de jouer leur rôle de médiation, reste à ses yeux une alerte à ne pas perdre de vue. «2030 exige espoir et confiance. Or, sans partis ni syndicats à même d’assumer cette fonction, le risque de crispations récurrentes demeure», prévient-il.
Abdellah Tourabi rappelle qu’au cours de ce mandat, enseignants, étudiants en médecine et personnels de santé ont successivement manifesté, parallèlement à l’émergence de nouveaux foyers de contestation dans le monde rural. Cette effervescence témoigne d’un malaise profond auquel l’exécutif n’apporte, selon lui, que des réponses ponctuelles : d’un côté des concessions budgétaires destinées à calmer les esprits, de l’autre un recours accru à la gestion sécuritaire.
L’épisode du Rif en 2017, marqué par l’absence de corps intermédiaires capables de jouer leur rôle de médiation, reste à ses yeux une alerte à ne pas perdre de vue. «2030 exige espoir et confiance. Or, sans partis ni syndicats à même d’assumer cette fonction, le risque de crispations récurrentes demeure», prévient-il.
Une année charnière
Au final, l’invité de Rachid Hallaouy esquisse les contours d’une année décisive, alors que le gouvernement a du mal à imprimer un rythme efficace à son action. Pour lui, la majorité, minée par ses réflexes partisans, peine à se hisser à la hauteur de l’enjeu, et les grandes réformes, qu’il s’agisse de la Moudawana, des retraites ou du Code pénal, sont renvoyées à l’après-scrutin. Pendant ce temps, la société demeure attentive, critique et politisée, mais privée de relais efficaces. Dans ce contexte, M. Tourabi souligne que l’Institution monarchique assume seule la fonction de porteur de valeurs et de vision stratégique.
Partant de là, les élections de 2026 risquent moins de redistribuer les cartes partisanes que de confirmer un rapport de défiance, accentué par l’abstention. «La politique n’est pas morte au Maroc. Mais la manière dont les partis la pratiquent l’est» martèle-t-il. Ce constat ouvre un horizon : celui d’un nécessaire réarmement idéologique et moral de la vie publique, sans lequel le pays s’expose à entrer dans la décennie 2030 avec un décalage croissant entre l’élan de ses chantiers et l’inertie de ses institutions représentatives.
Partant de là, les élections de 2026 risquent moins de redistribuer les cartes partisanes que de confirmer un rapport de défiance, accentué par l’abstention. «La politique n’est pas morte au Maroc. Mais la manière dont les partis la pratiquent l’est» martèle-t-il. Ce constat ouvre un horizon : celui d’un nécessaire réarmement idéologique et moral de la vie publique, sans lequel le pays s’expose à entrer dans la décennie 2030 avec un décalage croissant entre l’élan de ses chantiers et l’inertie de ses institutions représentatives.
