Le coaching personnel et professionnel est en pleine expansion depuis des années, que ce soit au Maroc ou ailleurs. Il s’agit d’un processus d’accompagnement par lequel un coach, de par sa formation et sa boîte à outils, accompagne son client dans la réalisation d’un objectif précis sur une durée bien déterminée. Il l’aide aussi à travailler sur ce que les coachs appellent «les points de blocage» qui l’empêchent d’avancer dans sa vie. Présentée ainsi, la démarche du coaching ne peut qu’être bénéfique. Toutefois, s’il est vrai qu’il existe des coachs formés et bien outillés, le marché comprend aussi des charlatans. En effet, le manque de réglementation a encouragé des personnes à investir la place sans avoir ni la formation ni l’expertise nécessaire, ce qui a donné lieu à des histoires dramatiques.
«Il y a quelques années, j’ai fait appel à un coach pour qu’il m’aide à faire face à des obstacles dans ma vie professionnelle, mais l’expérience n’était pas du tout bonne. Le problème s’est aggravé et j’ai fini par quitter l’entreprise où je travaillais. Je me suis ainsi retrouvé au chômage. Et pourtant, je suivais à la lettre les conseils du coach», raconte Amine qui a vécu une expérience de coaching ratée. Ce dernier est convaincu aujourd’hui que «le coaching c’est de l’arnaque !».
Dans un témoignage presque semblable à celui de Amine, Leïla, raconte son histoire avec amertume : «J’ai choisi de me faire accompagner par un coach de vie pour gérer la période du divorce. Le coach était très connu sur les réseaux sociaux, mais malheureusement, la prestation était de très mauvaise qualité», regrette-t-elle. Et de poursuivre : «Pendant les séances, l’auto-proclamé coach monopolisait la parole. Il tentait de me convaincre de revenir sur ma décision sous prétexte que je n’étais pas prête à vivre le changement. Ce qui m’a le plus alerté c’est qu’il tentait de jouer la carte du psy en analysant les expériences que j’ai vécues dans le passé», précise-t-elle avant de souligner qu’elle vivait chaque séance dans la souffrance. «L’expérience a eu des répercussions néfastes sur ma santé physique et mon moral. Je pense qu’il est temps de réglementer le métier qui, malheureusement, peut être exercé par n’importe qui», appelle-t-elle.
«Ceci peut être aussi risqué que manipuler un avion lors du décollage ou de l’atterrissage», décrit Lahcen Razzougui, coach et auteur du livre «Coach your life : deviens la meilleure version de toi-même». Pour lui, la situation est très dangereuse, surtout pour les personnes en quête de guérison. «Si elles tombent sur un coach qui manque de formation ou de stabilité mentale et émotionnelle pour les accompagner de manière appropriée, elles risquent de s’enfoncer davantage dans leurs problèmes au lieu d’atteindre leur objectif de bien-être», alerte-t-il. Notre interlocuteur pense que la réglementation du métier devient de plus en plus une urgence. «C’est le seul et unique moyen pour éviter des drames», insiste-t-il. À noter que Lahcen Razzougui n’est pas le seul coach à lancer un appel pour la réglementation du domaine. Nombreux sont les coachs qui n’arrêtent pas d’alerter sur la situation.
Lors de l’une des rencontres Book Club du Groupe «Le Matin» dédiée à la présentation de l’ouvrage «Soufisme et coaching» de Mohcine Ayouche, les coachs qui étaient présents avaient profité de l’occasion pour souligner que la réglementation du métier devient une urgence en vue de protéger le client. Qu’en dit alors l’International coach Fedaration (ICF) Maroc, en tant qu’association qui regroupe beaucoup de coachs professionnels certifiés qui militent depuis des années pour la promotion du métier ? Sa présidente, Manal Dahouni Sefiani, ne cache pas non plus son inquiétude et confirme, de son côté, l’ultime urgence de la régulation du métier. «Dans un métier où l’enjeu est l’humain, il y a lieu de réfléchir et de conscientiser l’impact éventuel si engagement, responsabilité et déontologie ne sont pas au rendez-vous de la part du praticien», note-t-elle. Et de préciser que la démarche de la réglementation peut se discuter de façon constructive et dans le cadre des synergies entre les différents acteurs de l’écosystème où s’exerce le métier du coaching ainsi que les autres métiers de la relation d’aide. Elle fait savoir, à cet égard, que son bureau, nommé depuis juillet 2023, œuvre et milite pour positionner le métier du coaching en tant que levier de croissance et de conscience sociétale, éducative, entrepreneuriale et sociale. La présidente d’ICF Maroc Chapter note que des efforts sont également déployés pour assurer l’information et la responsabilisation, d’une part, des clients bénéficiaires du coaching sur les critères de choix du coach professionnel et, d’autre part, des personnes désirant se former au coaching. Ces dernières doivent avoir les informations nécessaires pour le choix d’une école de formation en coaching professionnel.
• La formation approfondie : il faut s’assurer que le coach a, bel et bien, suivi une formation de longue durée dans ce domaine. En effet, un séminaire de deux ou trois jours n’est pas suffisant pour être coach.
• Le contrat de coaching : un coach qui se respecte devrait normalement proposer à son client un contrat en mentionnant la durée, la rémunération et l’objectif du coaching. Ce contrat devrait être signé par les deux parties.
• La posture du coach : ce volet ne peut être vérifié qu’après la première séance. Le coach devrait être à l’écoute de son client et l’aider à fixer son objectif ainsi que les méthodes pour l’atteindre dans une durée bien déterminée. Il faut savoir aussi que le coach ne donne pas de conseils et ne doit en aucun cas influencer le choix de son client. Son rôle consiste uniquement à l’accompagner dans sa réflexion en utilisant des méthodes comme celle du questionnement.
• La boîte à outils du coach : loin d’être une simple discussion, une séance de coaching est l’occasion aussi de faire des exercices pour découvrir sa personnalité, identifier ses points de blocage, définir son objectif et fixer les actions à mettre en place pour l’atteindre. Le coach doit également utiliser les outils issus notamment de la programmation neurolinguistique (PNL), l’analyse transactionnelle (AT) ou encore l’hypnose éricksonienne.
Autre précision et non des moindres : pour réussir dans ce métier, le coach devrait aussi être supervisé pour développer ses compétences professionnelles et personnelles et améliorer les techniques d’intervention employées. Ce volet a toujours été défendu par Mohcine Ayouche, coach professionnel certifié ICF et fondateur de BMH Coach. «La supervision est une obligation professionnelle du métier, dans la mesure où ceux qui font l’impasse sur la supervision vont aller dans un ongle mort», explique-t-il. Ce volet reste difficile à vérifier par le client, mais autant dire que dans un métier très spécifique qui est celui de la relation d’aide, c’est la pratique qui va prouver qui est coach et qui ne l’est pas.
«Il y a quelques années, j’ai fait appel à un coach pour qu’il m’aide à faire face à des obstacles dans ma vie professionnelle, mais l’expérience n’était pas du tout bonne. Le problème s’est aggravé et j’ai fini par quitter l’entreprise où je travaillais. Je me suis ainsi retrouvé au chômage. Et pourtant, je suivais à la lettre les conseils du coach», raconte Amine qui a vécu une expérience de coaching ratée. Ce dernier est convaincu aujourd’hui que «le coaching c’est de l’arnaque !».
Dans un témoignage presque semblable à celui de Amine, Leïla, raconte son histoire avec amertume : «J’ai choisi de me faire accompagner par un coach de vie pour gérer la période du divorce. Le coach était très connu sur les réseaux sociaux, mais malheureusement, la prestation était de très mauvaise qualité», regrette-t-elle. Et de poursuivre : «Pendant les séances, l’auto-proclamé coach monopolisait la parole. Il tentait de me convaincre de revenir sur ma décision sous prétexte que je n’étais pas prête à vivre le changement. Ce qui m’a le plus alerté c’est qu’il tentait de jouer la carte du psy en analysant les expériences que j’ai vécues dans le passé», précise-t-elle avant de souligner qu’elle vivait chaque séance dans la souffrance. «L’expérience a eu des répercussions néfastes sur ma santé physique et mon moral. Je pense qu’il est temps de réglementer le métier qui, malheureusement, peut être exercé par n’importe qui», appelle-t-elle.
L’urgence de la réglementation
Contactée par «Le Matin», Imane Hadouche, master-coach et comportementaliste, regrette le fait que la réalité du coaching soit aussi triste au Maroc. «Tout le monde s’auto-proclame coach, alors que beaucoup n’ont pas suivi la formation ou alors ils ont suivi des mini-modules de 48 heures, ce qui n’est pas suffisant», appuie-t-elle. Et Imane Hadouche d’ajouter que c’est très dangereux quand même pour le client d’ouvrir son cœur et de raconter sa vie privée devant une personne qui n’a pas de déontologie et qui n’a pas été formée pour cela.«Ceci peut être aussi risqué que manipuler un avion lors du décollage ou de l’atterrissage», décrit Lahcen Razzougui, coach et auteur du livre «Coach your life : deviens la meilleure version de toi-même». Pour lui, la situation est très dangereuse, surtout pour les personnes en quête de guérison. «Si elles tombent sur un coach qui manque de formation ou de stabilité mentale et émotionnelle pour les accompagner de manière appropriée, elles risquent de s’enfoncer davantage dans leurs problèmes au lieu d’atteindre leur objectif de bien-être», alerte-t-il. Notre interlocuteur pense que la réglementation du métier devient de plus en plus une urgence. «C’est le seul et unique moyen pour éviter des drames», insiste-t-il. À noter que Lahcen Razzougui n’est pas le seul coach à lancer un appel pour la réglementation du domaine. Nombreux sont les coachs qui n’arrêtent pas d’alerter sur la situation.
Lors de l’une des rencontres Book Club du Groupe «Le Matin» dédiée à la présentation de l’ouvrage «Soufisme et coaching» de Mohcine Ayouche, les coachs qui étaient présents avaient profité de l’occasion pour souligner que la réglementation du métier devient une urgence en vue de protéger le client. Qu’en dit alors l’International coach Fedaration (ICF) Maroc, en tant qu’association qui regroupe beaucoup de coachs professionnels certifiés qui militent depuis des années pour la promotion du métier ? Sa présidente, Manal Dahouni Sefiani, ne cache pas non plus son inquiétude et confirme, de son côté, l’ultime urgence de la régulation du métier. «Dans un métier où l’enjeu est l’humain, il y a lieu de réfléchir et de conscientiser l’impact éventuel si engagement, responsabilité et déontologie ne sont pas au rendez-vous de la part du praticien», note-t-elle. Et de préciser que la démarche de la réglementation peut se discuter de façon constructive et dans le cadre des synergies entre les différents acteurs de l’écosystème où s’exerce le métier du coaching ainsi que les autres métiers de la relation d’aide. Elle fait savoir, à cet égard, que son bureau, nommé depuis juillet 2023, œuvre et milite pour positionner le métier du coaching en tant que levier de croissance et de conscience sociétale, éducative, entrepreneuriale et sociale. La présidente d’ICF Maroc Chapter note que des efforts sont également déployés pour assurer l’information et la responsabilisation, d’une part, des clients bénéficiaires du coaching sur les critères de choix du coach professionnel et, d’autre part, des personnes désirant se former au coaching. Ces dernières doivent avoir les informations nécessaires pour le choix d’une école de formation en coaching professionnel.
Les quatre indicateurs du coach professionnel
Il faut dire qu’en l’absence d’une réglementation, le client doit être extrêmement vigilant dans le choix du coach. Il doit, en effet, s’assurer que la personne choisie possède les compétences, l’équilibre émotionnel et le professionnalisme nécessaires pour exercer ce métier. Mais comment reconnaître alors le vrai coach du charlatan ? Nos interlocuteurs nous livrent des astuces que nous regroupons dans les points suivants :• La formation approfondie : il faut s’assurer que le coach a, bel et bien, suivi une formation de longue durée dans ce domaine. En effet, un séminaire de deux ou trois jours n’est pas suffisant pour être coach.
• Le contrat de coaching : un coach qui se respecte devrait normalement proposer à son client un contrat en mentionnant la durée, la rémunération et l’objectif du coaching. Ce contrat devrait être signé par les deux parties.
• La posture du coach : ce volet ne peut être vérifié qu’après la première séance. Le coach devrait être à l’écoute de son client et l’aider à fixer son objectif ainsi que les méthodes pour l’atteindre dans une durée bien déterminée. Il faut savoir aussi que le coach ne donne pas de conseils et ne doit en aucun cas influencer le choix de son client. Son rôle consiste uniquement à l’accompagner dans sa réflexion en utilisant des méthodes comme celle du questionnement.
• La boîte à outils du coach : loin d’être une simple discussion, une séance de coaching est l’occasion aussi de faire des exercices pour découvrir sa personnalité, identifier ses points de blocage, définir son objectif et fixer les actions à mettre en place pour l’atteindre. Le coach doit également utiliser les outils issus notamment de la programmation neurolinguistique (PNL), l’analyse transactionnelle (AT) ou encore l’hypnose éricksonienne.
Autre précision et non des moindres : pour réussir dans ce métier, le coach devrait aussi être supervisé pour développer ses compétences professionnelles et personnelles et améliorer les techniques d’intervention employées. Ce volet a toujours été défendu par Mohcine Ayouche, coach professionnel certifié ICF et fondateur de BMH Coach. «La supervision est une obligation professionnelle du métier, dans la mesure où ceux qui font l’impasse sur la supervision vont aller dans un ongle mort», explique-t-il. Ce volet reste difficile à vérifier par le client, mais autant dire que dans un métier très spécifique qui est celui de la relation d’aide, c’est la pratique qui va prouver qui est coach et qui ne l’est pas.