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Lithiase de la vésicule biliaire : tout savoir sur cette maladie de plus en plus diagnostiquée

La lithiase de la vésicule biliaire attire de plus en plus l'attention des professionnels de santé. En effet, de nombreux spécialistes s'accordent à dire que sa fréquence semble augmenter ces dernières années en raison de nombre de facteurs désormais mieux identifiés. Touchant une proportion significative de la population adulte, notamment les femmes, cette maladie se manifeste par des douleurs intenses ainsi que d'autres symptômes pouvant perturber la vie quotidienne. La hausse des cas décelés peut s’expliquer par le progrès dans le diagnostic permettant une détection plus précoce de la maladie, même chez les patients asymptomatiques. Que faut-il savoir, aujourd'hui, sur la lithiase biliaire, ses facteurs de risque et les traitements disponibles ? Le point avec le Dr Issam Hamrerras, spécialiste en chirurgie générale et chirurgie du tube digestif.

Dr Issam Hamrerras
Dr Issam Hamrerras
Le Matin : La lithiase de la vésicule biliaire semble être de plus en plus fréquemment évoquée dans les consultations. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette tendance ?

Dr Issam Hamrerras : La lithiase de la vésicule biliaire (résultat de formation, à partir de la bile, de dépôts de consistance pierreuse, Ndlr) est effectivement de plus en plus souvent diagnostiquée, et cela pour plusieurs raisons. On estime qu’environ 10 à 15% de la population adulte sont touchés, avec une prévalence particulièrement élevée chez les femmes, qui sont trois fois plus nombreuses que les hommes à développer cette pathologie. Cela est en grande partie dû aux hormones féminines, telles que la progestérone et les œstrogènes, qui modifient la composition de la bile et favorisent la formation de calculs (petits cailloux, Ndlr). Cependant, cette hausse apparente des cas est également le résultat des progrès technologiques dans le domaine du diagnostic. Aujourd'hui, grâce à des outils modernes comme l'échographie, mais aussi les facilités à l’accessibilité aux soins et à une plus grande prise de conscience de la santé, surtout après la pandémie de la Covid-19, de nombreux calculs biliaires sont détectés de manière fortuite, souvent avant même que les patients ne présentent des symptômes. Autrefois, certains patients pouvaient vivre avec des calculs sans en avoir conscience, mais aujourd'hui, grâce à la médecine moderne, ces pathologies sont détectées plus précocement. Par conséquent, on parle davantage de lithiase biliaire, car elle est mieux identifiée et suivie, même chez les patients asymptomatiques.



Quels sont les principaux facteurs de risque de la lithiase de la vésicule biliaire ?

Les facteurs de risque sont nombreux. Le sexe féminin en est un des principaux, car les femmes sont trois fois plus susceptibles que les hommes de développer cette pathologie en raison des variations hormonales influençant la composition de la bile et favorisant la formation des calculs. L’âge est également un facteur majeur, l’incidence augmentant significativement après 40 ans. L’obésité et un Indice de masse corporelle élevé (IMC) jouent également un rôle crucial, car l’excès de graisses corporelles favorise la formation des calculs. Les antécédents familiaux de lithiase sont un autre facteur important : avoir des proches qui ont souffert de cette pathologie augmente le risque. Enfin, les habitudes alimentaires influencent également le développement de la maladie, notamment une alimentation riche en graisses et pauvre en fibres, un jeûne prolongé, ou une perte de poids rapide.

Quels sont les symptômes à surveiller de près ?

Environ 70 à 80% des cas de lithiase biliaire sont asymptomatiques, et la majorité des personnes découvrent leurs calculs biliaires de manière fortuite, souvent lors d’une échographie réalisée pour une autre raison. Cependant, un suivi attentif reste essentiel, car des complications peuvent survenir même en l'absence de symptômes. Les symptômes typiques se manifestent sous forme de coliques hépatiques ou biliaires, soit des douleurs aiguës et intenses dans l’hypocondre droit ou l’épigastre, irradiant parfois vers l’épaule droite. Ces douleurs surviennent souvent après un repas gras et peuvent être associées à des nausées et des vomissements. Dans les formes compliquées, telles que la cholécystite (inflammation de la vésicule biliaire) ou l’angiocholite (inflammation des voies biliaires), les coliques hépatiques s’accompagnent de fièvre, de frissons, de douleur persistante, et parfois d’ictère en cas d'obstruction des voies biliaires. Chez la femme enceinte, les symptômes peuvent être difficiles à distinguer d’autres douleurs abdominales liées à la grossesse. Le diagnostic reste aisé grâce à l’échographie abdominale, et en cas de complication, des tests biologiques seront réalisés pour rechercher une infection ou une obstruction. Une IRM est parfois demandée pour explorer les voies biliaires.

Lorsqu’un patient est diagnostiqué avec une lithiase biliaire, faut-il systématiquement envisager une intervention chirurgicale ?

La prise en charge de la lithiase biliaire dépend de plusieurs facteurs. Le traitement chirurgical par cholécystectomie (ablation chirurgicale de la vésicule biliaire) est le seul traitement pour les lithiases de la vésicule biliaire symptomatiques. Dans de nombreux cas, notamment lorsque la maladie est asymptomatique, la surveillance peut suffire. Environ 10 à 25% des patients présentant des calculs biliaires ne développeront jamais de symptômes ni de complications au cours des 10 à 20 années suivantes. Dans ces situations, une simple surveillance régulière via des échographies ou des bilans cliniques peut être suffisante. Toutefois, l’intervention chirurgicale devient nécessaire lorsque des symptômes apparaissent, comme des douleurs intenses dans l’hypocondre droit, souvent après des repas gras, ou lorsque des complications comme la cholécystite aiguë ou l'angiocholite se manifestent. De plus, certains facteurs de risque, tels que des calculs volumineux ou multiples ou des antécédents de pancréatite aiguë biliaire, justifient une cholécystectomie, qui est le seul traitement curatif.


Quels sont les critères qui justifient une intervention chirurgicale préventive même en l'absence de symptômes ?

L’intervention chirurgicale devient nécessaire lorsque des symptômes apparaissent, ou dans les cas qu’on vient de citer. Certaines situations justifient également une intervention chirurgicale préventive même sans symptômes. Par exemple, la chirurgie de l’obésité. Dans des cas comme ceux-ci, une intervention préventive permet d’éviter des complications futures.

Les femmes enceintes semblent être plus exposées au risque de lithiase biliaire. Quelles précautions faut-il prendre en compte pour le traitement ?

Le risque de lithiase biliaire est accru pendant la grossesse en raison des changements hormonaux, notamment une augmentation de la progestérone et des œstrogènes. Ces hormones provoquent une hypotonie des voies biliaires, ce qui favorise la stagnation de la bile et une augmentation de la concentration en cholestérol dans la bile, créant ainsi un environnement propice à la formation de calculs. Le traitement de la lithiase biliaire pendant la grossesse dépend de l’évolution des symptômes et du terme de la grossesse. En cas de coliques hépatiques simples, un traitement médical peut suffire. Toutefois, si une cholécystite aiguë gravidique survient, un traitement rapide est nécessaire pour éviter des complications materno-fœtales graves, telles qu’un travail prématuré ou une souffrance fœtale. Quant à la chirurgie, elle peut être envisagée en cas de nécessité, mais elle doit être adaptée au terme de la grossesse. La cholécystectomie laparoscopique reste la méthode de choix jusqu’à la 32e semaine d'aménorrhée, après quoi une cholécystostomie (abouchement de la vésicule biliaire à la peau, en vue de dériver la bile ou de drainer une infection biliaire) d’attente est préférée, car elle est plus sûre tant pour la mère que pour le fœtus.

Y a-t-il un moment spécifique pour pratiquer une intervention chirurgicale chez les femmes enceintes ? Peut-elle être réalisée à n’importe quel terme de la grossesse ?

Il est crucial de tenir compte du terme de la grossesse pour déterminer le moment de l’intervention. Jusqu’à la 32e semaine d'aménorrhée, la cholécystectomie laparoscopique reste l’option de choix, car elle est moins invasive et permet une récupération rapide. Après cette période, les risques pour le fœtus augmentent, et il est alors préférable de réaliser une cholécystostomie d’attente, qui soulage rapidement les symptômes tout en préservant la sécurité de la grossesse. La décision doit toujours être prise en concertation avec une équipe médicale, en fonction de l’état clinique de la patiente et de la gravité de ses symptômes.

En cas de lithiase biliaire asymptomatique chez une femme enceinte, faut-il envisager une intervention ?

En cas de lithiase biliaire asymptomatique, le traitement repose sur un équilibre entre les risques de complications et ceux de l’intervention. Si la patiente est asymptomatique et qu’aucune complication n’est à prévoir, une surveillance régulière est souvent préférée. En revanche, si des symptômes apparaissent ou si la lithiase devient symptomatique, une intervention chirurgicale sera envisagée en fonction du terme de la grossesse, des risques et des bénéfices pour la mère et le fœtus. Mais il reste parfois nécessaire, notamment en cas de complications graves comme la cholécystite aiguë.

Pour conclure, quels sont les principaux éléments à retenir concernant la lithiase biliaire, notamment en ce qui concerne la prévention ?

La lithiase biliaire est une pathologie courante, mais sa prise en charge dépend des symptômes et du contexte clinique. En règle générale, lorsqu’elle est asymptomatique, une simple surveillance suffit. En revanche, lorsque des symptômes apparaissent ou des complications se manifestent, une intervention chirurgicale est nécessaire, généralement sous forme de cholécystectomie laparoscopique. La prévention repose principalement sur la gestion des facteurs de risque modifiables et sur des mesures de santé générale pour maintenir une bonne santé digestive. Il s’agit de :

• Adopter une alimentation équilibrée, riche en fibres (fruits, légumes, céréales complètes), pauvre en graisses saturées et en sucres simples.

• Maintenir un poids stable, éviter l’obésité et les pertes de poids rapides qui favorisent la formation des calculs.

• Pratiquer une activité physique régulière, comme la marche, le vélo ou la natation. Chez les femmes enceintes, il est essentiel de maintenir une alimentation saine et d’éviter les aliments riches en graisses.
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