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Maladies du tube digestif : l’endoscopie à la rescousse

Ballonnements, reflux, brûlures d’estomac, douleurs abdominales… Les troubles digestifs font désormais partie du quotidien de nombreux Marocains. En cause : nos modes de vie modernes, entre alimentation industrialisée, stress chronique et sédentarité. Mais cette impression d’une recrudescence des maladies digestives s’explique aussi par les progrès considérables du dépistage et des techniques d’exploration. L’endoscopie digestive, notamment, s’impose aujourd’hui comme un outil de référence, à la fois diagnostique et thérapeutique, permettant de prévenir et de traiter de nombreuses affections avec précision et sécurité. Pour en savoir plus sur les avancées dans ce domaine, «Le Matin» a rencontré le Dʳ Fahd Ghalim, gastro-entérologue et hépatologue, spécialiste en endoscopie digestive interventionnelle et écho-endoscopie.

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Le Matin : On a l’impression que les maladies du tube digestif sont de plus en plus fréquentes. Est-ce vraiment le cas ?

Dʳ Fahd Ghalim : Les affections du tube digestif semblent aujourd’hui plus fréquentes qu’autrefois. Cette impression traduit à la fois une véritable évolution de nos modes de vie et les progrès considérables réalisés en matière de dépistage et d’exploration. L’alimentation de plus en plus industrialisée, le stress chronique, la sédentarité, ainsi que l’usage croissant de certains médicaments potentiellement agressifs pour la muqueuse digestive – tels que les anti-inflammatoires, les antibiotiques ou certaines chimiothérapies – contribuent largement à cette tendance.

Toutefois, cette apparente augmentation ne correspond pas toujours à une explosion réelle des pathologies. Elle reflète surtout une meilleure reconnaissance clinique et endoscopique de maladies autrefois sous-diagnostiquées, comme le reflux gastro-œsophagien, la maladie cœliaque ou encore certaines formes de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin.



On entend de plus en plus parler de l’endoscopie médicale et de son apport dans le diagnostic et la prévention des maladies digestives. En quoi consiste exactement cette technique ?

Nous assistons aujourd’hui à une transformation profonde dans la manière de diagnostiquer et de traiter les maladies de l’appareil digestif. Alors que ces pathologies étaient autrefois prises en charge essentiellement par la chirurgie ou les analyses de laboratoire, l’endoscopie digestive s’impose désormais comme une méthode de référence, permettant d’accéder directement à l’intérieur du tube digestif de manière peu invasive.

Son rôle va bien au-delà du simple diagnostic : l’endoscopie nous donne la possibilité d’intervenir de manière précoce, ce qui en fait un outil de prévention majeur. Elle est réalisée à l’aide d’un dispositif appelé «endoscope», un tube fin, souple et muni d’une caméra haute résolution à son extrémité.

Selon la zone à explorer, l’endoscope est introduit soit par la bouche – pour examiner l’œsophage, l’estomac et le duodénum – soit par le rectum, pour visualiser le côlon. On peut, également, explorer les voies biliaires et le pancréas et avoir une vision directe, en temps réel, de l’intérieur du tube digestif, avec une grande précision.

De plus, lors de l’examen, il est possible de pratiquer des gestes thérapeutiques : effectuer des biopsies, retirer des polypes, voire traiter certaines lésions, sans avoir recours à une intervention chirurgicale lourde.

Il faut aussi souligner que les avancées technologiques ont considérablement enrichi les capacités de l’endoscopie ces dernières années. Trois évolutions sont particulièrement déterminantes : d’abord, l’imagerie en haute définition, qui permet de voir en 4K et de détecter des anomalies minuscules, souvent invisibles à l’œil nu avec les anciens systèmes ; ensuite, l’endoscopie thérapeutique, qui permet par exemple de retirer des polypes ou de petites tumeurs sans ouvrir le patient ni l’exposer aux complications associées à la chirurgie conventionnelle ; et enfin, l’écho-endoscopie, qui combine l’endoscopie à une imagerie par ultrasons, offrant une visualisation fine non seulement de la paroi digestive, mais aussi des organes voisins, comme le foie ou le pancréas.

Beaucoup de patients redoutent l’endoscopie, notamment parce qu’elle se fait par la bouche ou le rectum. Est-ce un examen douloureux ?

Longtemps redoutée, l’endoscopie digestive a profondément évolué. Grâce aux avancées technologiques et à une prise en charge centrée sur le confort du patient, l’examen se déroule désormais dans des conditions optimales. La grande majorité des procédures sont réalisées sous sédation légère ou anesthésie de courte durée, garantissant un geste entièrement indolore et dénué de tout souvenir désagréable.

L’endoscopie s’impose aujourd’hui comme un outil diagnostique et thérapeutique de haute précision, permettant une observation directe des muqueuses, la réalisation de biopsies ciblées et des interventions mini-invasives évitant souvent une chirurgie plus lourde.

Il convient de souligner, par ailleurs, que de nombreuses maladies graves, en particulier les cancers digestifs, peuvent être traitées efficacement si elles sont détectées tôt.

Quels sont les effets secondaires possibles de l’endoscopie ?

Comme tout acte médical, l’endoscopie n’est pas totalement exempte de risques. Toutefois, lorsqu’elle est pratiquée par un opérateur expérimenté, les complications demeurent exceptionnelles.

Les effets secondaires les plus fréquents sont mineurs et transitoires : ballonnements, légère gêne abdominale ou irritation passagère de la gorge. La survenue de complications plus sérieuses, telles que la perforation ou le saignement, est possible, mais rare, selon les grandes séries internationales. La sécurité du geste repose sur une technologie de pointe, une coordination d’équipe rigoureuse et un encadrement médical hautement spécialisé.

En termes de coût, l’endoscopie digestive est-elle accessible ? Et est-ce un acte remboursé ?

Au Maroc, comme ailleurs, le coût d’une endoscopie digestive varie selon le type d’examen – qu’il soit diagnostique ou interventionnel. Il s’agit néanmoins d’un acte de médecine spécialisée accessible, fréquemment pris en charge par les assurances et mutuelles dès lors qu’il répond à une indication médicale précise.

Les nouvelles techniques d’endoscopie interventionnelle avancée, telles que la radiofréquence biliaire ou pancréatique, la cholangioscopie ou certaines procédures endoscopiques thérapeutiques de pointe, méritent aujourd’hui une reconnaissance et une valorisation adaptées par les organismes de remboursement.

Ces gestes innovants, réalisés par des experts formés, permettent de réduire la durée d’hospitalisation, de diminuer les complications postopératoires et d’améliorer significativement la qualité de vie des patients.
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