Ces valeurs qui ont fait des Lions de l’Atlas la coqueluche de la planète foot

L'épopée homérique de l'équipe du Maroc en Coupe du monde vient redorer leur blason à bien des égards. Alors que le football, sous l'effet du sport business et d'une mercantilisation à outrance, tend à perdre ses valeurs originelles, avec les Lions de l'Atlas, il a recouvré certaines de ses dimensions humaines et socioculturelles qui en font la discipline la plus admirée de la planète.

Abnégation et solidarité

Le maître mot de ce succès spectaculaire de la sélection marocain dans cette Coupe du monde Qatar 2022 est cette solidarité sans faille. Que ce soit sur le terrain, sur le banc des remplaçants ou dans les vestiaires, les joueurs et le staff technique font montre d'une cohésion exemplaire. Une solidarité qui fait qu'aucune star de cette sélection, qui comprend aussi bien le joueur du Paris Saint-Germain Achraf Hakimi, dont la valeur marchande est estimée à plus de 60 millions d'euros, que celui du Wydad Yahia Attiatallah, ne se détache du lot, comme c'est le cas pour d'autres équipes, et que c'est à l'ensemble du collectif que revient la gloire durant cette Coupe du monde. Autre valeur merveilleusement illustrée durant cette Coupe du monde par l'équipe marocaine : l'abnégation. Aujourd'hui, tous reconnaissent les performances d'Achraf Hakimi, de Noussaïr Mazraoui et surtout du combattant Sofyan Amrabat qui, au mépris des blessures, ont tenu à jouer et à endosser leur maillot plus que jamais.

Attachement à la famille

Avec le Maroc dans cette Coupe du monde au Qatar, ce sont les valeurs de l'attachement à la famille qui priment. Alors qu'on avait l'habitude de réserver les gros plans aux compagnes des joueurs et à faire circuler en masse leurs images, ce sont cette fois les parents, et surtout les mères avec toute la sacralité qui leur échoit dans les cultures arabo-musulmanes, africaines et orientales, qui ont occupé le devant de la scène. Les images d'Achraf Hakimi, Abdelhamid Sabiri, ou encore coach Walid, étreignant et embrassant les têtes de leurs mères, et celle de Soufiane Boufal dansant avec sa mère ont ému le monde entier et rendu hommage à ces guerriers de l'ombre ayant donné la vie et fait grandir ces stars de ce Mondial.

Attachement à la patrie

L'attachement des Marocains à leur pays n'est plus à démontrer. Que des génies du football comme Hakimi, Ziyech ou Mazraoui optent pour les couleurs nationales et déclinent des offres mirobolantes pour porter d'autres maillots nationaux, témoigne de cet attachement, alors même qu'il s'agit des jeunes générations de la diaspora marocaine. Mais durant cette Coupe du monde, outre le sens aigu de patriotisme des joueurs, c'est le public marocain qui a retenu l'attention. Au début de chaque rencontre impliquant les Lions de l'Atlas, le monde a pu admirer des dizaines de voix entonnant avec ferveur l'hymne national à l'unisson, dans une démonstration absolument extraordinaire de patriotisme enflammé.

Altruisme et camaraderie

La performance des Lions de l'Atlas a également été marquée par un grand esprit d'altruisme. Valeur incarnée remarquablement par un Yassine Bounou qui a tenu à céder son trophée de meilleur joueur du match à son coéquipier en sélection et en club, Youssef En-Nesyri, auteur du but ayant offert la qualification à l'équipe nationale. Aussi, l'esprit de camaraderie qui règne au sein de cette équipe nationale n'a pas manqué de faire le bonheur d'un joueur marocain, bien qu'il n'ait jamais enfilé le maillot de la sélection nationale. En effet, et après leur victoire face à l’Espagne, les joueurs de l’équipe nationale ont posé avec le maillot d’Abdelhak Nouri, ancien joueur de l’Ajax Amsterdam, qui était considéré comme le futur «prodige» du football néerlandais avant son malaise cardiaque en 2017 qui l’a plongé dans un coma pendant plusieurs années.

Dépassement de soi

L'une des valeurs mises en avant par les Marocains lors de cette Coupe du monde est le fait de croire en soi et de se munir de «niya» ou de la foi. Cet état d'esprit positif qui se réfère à la loi d'attraction est en effet bien ancré dans l'imaginaire populaire marocain où tout est fonction de la «niya». Coach Walid ne cesse de répéter : «Dirou niya ! Il faut avoir la foi et croire dur comme fer. Alors seulement, le ballon heurtera le poteau et sortira. Sinon, il percutera le poteau et rentrera». Et il faut reconnaître que cette énergie positive a été bien transmise lors des deux derniers matchs où la balle de l’Espagnol Pablo Sarabia heurte le poteau à la 120+3e minute et celle du portugais Bruno Fernandes percute la barre transversale à la 45e minute de la première mi-temps, et finissent toutes deux hors de la cage de Bounou !

La famille comme valeur cardinale

Des images renvoyant aux valeurs de la famille marocaine ont déclenché une vague de réactions enthousiastes sur les réseaux sociaux. Ainsi, le célèbre journaliste et présentateur de l'émission «Al Ittijah Al Mouakiss», sur la chaîne Al Jazeera, Faisal Al-Kasim, et commentant l'image de Boufal dansant avec sa mère, a écrit sur sa page Facebook : «Une photo pour l'histoire devant des milliards de téléspectateurs à travers le monde... Boufal et sa mère... cela semble spontané, mais c’est porteur de ce qu'il y a de plus grand comme valeurs dans notre culture : la gratitude envers les parents !» L'ancien secrétaire d'État en charge de l’Enseignement supérieur a écrit, pour sa part, sur sa page Facebook : «Les Marocains, dans des scènes jamais vues dans les compétitions mondiales de football, font triompher les valeurs de la famille en rendant hommage à la mère, au père, à l'épouse et aux enfants». De son côté, l'intellectuel et militant arabe Azmi Bechara, a écrit sur sa page Facebook : «Si l'équipe marocaine n'a fait qu'éclater de nobles sentiments de l'océan Atlantique au Golfe, cela lui suffisait comme fierté. Elle a offert aux Arabes du monde entier l'occasion de se réjouir et d'exprimer sans gêne leur identité civilisationnelle».