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Questions à Saïd Fathallah, président de l’Association marocaine de transplantation cardiaque

Questions à Saïd Fathallah, président de l’Association marocaine  de transplantation cardiaque

Comment évaluez-vous la situation du don et du greffe d’organes au Maroc ? Et est-ce que les cas de dons de cœur sont encore plus compliqués que les autres organes ?

Malheureusement, les greffes d’organes prélevés sur des donneurs vivants, et qui concerne généralement les greffes de reins, sont trop rares au Maroc. La situation est encore plus dramatique pour les greffes pratiquées à partir de donneurs en mort cérébrale. Elles sont pratiquement inexistantes, alors qu’elles pourraient sauver un grand nombre de patients qui attendent leur tour pour une transplantation d’organes majeurs tels que le cœur, les poumons ou le pancréas. En 2019, il n’y a eu qu’un seul prélèvement sur mort encéphalique et uniquement deux en 2018.

On accuse souvent les citoyens du manque de dons d’organes au Maroc, mais est-ce que les praticiens font suffisamment leur travail de sensibilisation ?

Je pense que le citoyen marocain n’est pas seul responsable de ce déficit. Les organismes et les organisations de la santé au Maroc sont les premiers responsables. Posons-nous la question suivante : combien de fois les hôpitaux marocains ont-ils demandé aux familles leur accord pour le don d’organe de leurs proches décédés ? L’hôpital peut donner des statistiques exactes sur les morts encéphaliques, mais je doute fort qu’il puisse faire de même pour aborder les proches des personnes décédées.

La société civile et les médecins sont mobilisés depuis des années pour développer la culture de don d’organes au Maroc, qu’est-ce qui bloque à votre avis ?

Je pense que la participation de la société civile au développement de la greffe au Maroc est très timide et pour le moment inefficace. Nous sommes devant une grande bataille et je ne pense pas qu’on puisse la gagner avec le peu de moyens et de temps qu’on lui consacre. En ce qui concerne les médecins, je pense que plusieurs sont motivés pour le sujet et essayent de pousser un peu, mais nous restons sur des initiatives individuelles. 

Ces dernières sont surtout nécessaires pour le début de développement, mais si nous voulons vraiment sauver des vies, nous devons absolument et rapidement passer à un système généralisé où tous les acteurs du système de santé marocain adhérent et avec les moyens adéquats pour une mise en place rapide et efficace du don, du prélèvement et greffe d’organes. Au rythme actuel, nous sommes en train de sacrifier au moins deux ou même trois générations qui ont besoin de greffe d’organes. 

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