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Rentrée scolaire : plus de 9% des élèves du privé ont migré vers le public

92.214 élèves des établissements privés ont migré vers les écoles publiques au titre de la rentrée scolaire 2022-2023. Soit 9,2% de l'effectif inscrit dans les écoles privées. S'agit-il de l'effet du redressement de la qualité de l'enseignement public ou des difficultés économiques des familles ? Les avis divergent mais évoquent essentiellement des raisons de budget, de baisse de la qualité de l'enseignement privé ou encore l'engagement des parents à accompagner leurs enfants pour élever leur niveau. Une source autorisée au sein du ministère de l’Éducation nationale évoque, de son côté, les prémices d’une «réconciliation des parents avec l’enseignement public».

Rentrée scolaire : plus de 9% des élèves du privé ont migré vers le public

La tendance se confirme. Le nombre d'élèves qui quittent les établissements d'enseignement privés pour s'inscrire dans des écoles publiques ne cesse d'augmenter. Une source autorisée au ministère de l’Éducation nationale, du préscolaire et des sports indique au «Matin» que 92.214 élèves (soit 9,2% de l'effectif inscrit dans le privé) ont migré cette année du privé vers le public, contre 52.000 en 2021-2022. D’après notre source, ceci signifie tout simplement que «les parents commencent à reprendre confiance dans l’enseignement public après l’avoir testé au temps de la Covid-19».

Cette tendance a, en effet, commencé à se confirmer avec la pandémie de la Covid-19. En effet, beaucoup de parents avaient décidé de basculer vers le public après avoir vécu des tensions avec les établissements privés, liées notamment à l'obligation de payer les mêmes frais de scolarité, alors que les cours se tenaient à distance. Petit à petit, ajoute notre source, ces parents ont fini par constater que les établissements publics offraient aussi un enseignement de qualité. Un constat à nuancer toutefois si l'on considère les effets des grèves à répétition des enseignants du public qui impactent directement la qualité de l'enseignement. Qu’en disent alors les parents ? Ceux que nous avons approchés placent l’enjeu financier en tête des raisons qui les ont poussés à basculer vers le public. Par personne scolarisée, la dépense annuelle moyenne des ménages a atteint, pour la rentrée 2019-2021, 7.726 DH pour les enfants scolarisés dans l’enseignement privé, selon une enquête du HCP. C’est le cas notamment de Adil, père de deux enfants âgés de 5 et 9 ans. «Je n’arrive plus à supporter les frais de scolarité de mes enfants car mon activité en menuiserie n’est plus rentable comme avant. J’ai beaucoup hésité avant de prendre cette décision, mais je n’ai vraiment pas le choix», regrette-t-il. Même son de cloche chez Leïla, maman de trois enfants qui pointe du doigt les frais élevés des études au Maroc. «Cela fait deux ans que mes enfants sont inscrits dans un établissement public, pas par choix, mais surtout par manque de moyens», souligne-t-elle les larmes aux yeux. Et d’ajouter : «Les établissements publics souffrent de plusieurs lacunes et, d’ailleurs, les enfants perdent beaucoup d’heures de cours à cause des grèves. J’en ai conscience, mais je n’ai pas le choix».

À qualité égale, opter pour la gratuité…

Fadoua et Kamal, parents de deux enfants inscrits dans une école publique, sont pour leur part quasi convaincus que le privé n’offre plus vraiment une qualité d’enseignement meilleure que le public. «Vous n’avez qu’à vous rendre dans un établissement privé pour constater que ce secteur n’offre plus un enseignement de qualité. Les enseignants sont des jeunes fraîchement diplômés qui n’ont ni expérience, ni savoir pédagogique», pointent-ils du doigt. C’est le cas aussi de Fatima-Zahra, maman de trois enfants dont deux sont inscrits au primaire public. Cette maman pense que les écoles passent leur temps à faire des activités qui ne font que gonfler la facture à payer en fin de mois. «Nous ne voulons pas d’activités si à la base la qualité de l’enseignement laisse à désirer», crie-t-elle. Pour cette maman, l’enseignement public n’offre pas une bonne qualité en matière d’enseignement, certes, mais s’il faut payer au privé et faire beaucoup d’efforts à la maison, mieux vaut alors opter pour la gratuité de la «prestation» ! Sur un autre registre, tous les parents interrogés par «Le Matin» craignent le retour des grèves des enseignants contractuels qui font perdre aux élèves de longues heures de cours sans grand espoir qu'elles soient récupérées.

À ce propos, il convient de rappeler qu’il y a quelques mois, la Fédération nationale des associations des parents et tuteurs d’élèves est montée au créneau pour dénoncer les grèves «répétitives et incompréhensibles» des enseignants qui paralysent le secteur de l’éducation et privent les élèves d’un suivi normal du cursus scolaire. Ils ont même lancé un appel au ministère de l'Éducation nationale pour compenser les heures perdues de cours à cause des grèves répétées dans les écoles publiques durant l’année scolaire en cours. Son président a déploré plus de 40 jours d’apprentissage perdus en raison de l'absence du personnel pédagogique, suite aux grèves à répétition. Pour l’heure, rien ne semble changer. La Coordination nationale des enseignants contractuels se prépare à reprendre ses actions de protestation. Une grève nationale est d'ores et déjà prévue pour le 26 septembre, parallèlement aux procès de 45 enseignants devant la Cour d'appel de Rabat.

Disons pour conclure que l’enseignement public, tout comme le privé, présente aujourd’hui des limites. Cela dit, quel que soit le chemin choisi, le suivi et le soutien scolaire à la maison restent les moyens les plus efficaces pour accompagner au jour le jour l’évolution de l’enfant. Les parents ne peuvent pas prendre la place de l’enseignant, certes, mais leur rôle est incontournable en cette période où les enfants vivent des changements importants dans leur environnement.

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