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Des nuits entières passées devant des écrans, des vies exposées comme des marchandises, des humiliations publiques données en spectacle… au Maroc, TikTok n’est plus un simple réseau social, mais un espace où toutes les dérives sont possibles, un terrain miné pour une jeunesse en perte de repères. Des enfants et des adolescents subjugués par l’illusion d’un succès immédiat et facile en sont les premières victimes, alors que des influenceurs franchissent toutes les limites pour récolter des dons et autres cadeaux virtuels, quitte à mettre en danger leur santé et à bafouer leur dignité et celle des autres. Provocations, défis dangereux, jeux de séduction et exhibition de la vie privée… les tiktokers ne reculent devant rien pour avoir le buzz et l’argent facile. Les récents scandales impliquant Adam Benchekroun, sa mère, Moulinex, Soukaina Benjelloun ou Ilyas El Malki révèlent l’ampleur d’un phénomène qui relègue au second plan la morale, la loi et la sécurité des jeunes. Dans ce chaos numérique, les règles sont dictées par les likes et les dons, et non par l’éthique ou le sens de la responsabilité. «Le Matin» plonge dans cet univers «nocturne» pour révéler ce qui menace réellement une génération, déjà accoutumée à mesurer la valeur d’une personne en argent et en visibilité.
Le Maroc a récemment connu une vague d’arrestations visant des influenceurs auteurs de contenus indécents, signe que le temps de l’impunité est terminé sur les réseaux sociaux. Redoutant de subir le même sort, de nombreux pseudo créateurs de contenus, pourtant très suivis, ont disparu des écrans. Largement saluée par les citoyens, lassés d’assister à la dégradation progressive de la scène digitale, cette fermeté judiciaire soulève une question essentielle : la sanction peut-elle, à elle seule, encadrer un univers numérique qui façonne désormais les repères et les comportements de toute une société ? Au-delà des interpellations, c’est tout un chantier d’accompagnement, d’éducation et de régulation qu’il reste à consolider.
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